L’enfant tient dans ses mains potelées deux de ses figurines préférées, il agite l’une, puis l’autre. Il chuchote. Son visage traduit une intense concentration, pourtant on sent que son esprit est en roue libre. Craquant.

En cherchant bien, on le retrouve tous, ce souvenir : cet enfant, c’est vous. Que ressentiez-vous quand vous jouiez à créer un univers qui à vous seul appartenait ?

Pour ma part je dirais : un bonheur essentiel. Car au fond de moi, je ressentais que ce Playmobil qui prenait vie dans ma main était fait pour babiller avec son ami sur le carrelage de la cuisine, pour vivre une grande aventure en escaladant une commode, pour rencontrer enfin l’amour sur le rebord de la baignoire. Tout allait de soi, tout avait un sens, par essence. Un bonheur simple et total.

Sans doute est-ce sentiment enfoui que je recherche quand j’imagine des histoires au cœur d’une nuit d’insomnie, que je les couche sur papier à la faveur d’un trajet en train ou d’un dimanche pluvieux. Être pour quelques heures à nouveau cet enfant qui se plaît à inventer.

Mais voilà que l’adulte que je suis a commis un acte irréversible : sa plus belle histoire, il va la publier sous forme d’un roman appelé Été 99 !

Là, on change complètement de jeu. Mes jolis personnages chéris vont être exposés à la vue de tous ; leurs joies, leurs peines, leurs prouesses, leurs amours seront scrutées, soupesées, commentées… Mais qu’ai-je fait ?! Oh, l’angoisse !

Pour retrouver le bonheur de l’enfance, il me reste à espérer que vous accueillerez Été 99 avec la même bienveillance attendrie que vous avez pour le bambin rêveur que vous étiez, vous aussi.

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